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Témoignage de Sabrina Meriem à propos de l’initiative sur les soins infirmiers.

Sabrina Meriem est infirmière HES et conseillère communale à Lucens.

Sabrina Meriem

J’ai décidé de m’engager pour cette initiative, car elle est essentielle pour notre profession. En effet, nous voyons que notre métier dépérit. Les conditions de travail se dégradent d’année en année. Manque de temps, surcharge de travail, épuisement et frustration des soignants en sont les principales causes. Les horaires sont impossibles, insoutenables. La pénibilité augmente de jour en jour. Elle est physique et psychique De plus, la pandémie a creusé encore plus ce fossé. La conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale est difficile à concevoir. Faire une carrière reste très compliqué pour les infirmières. Il est difficile de valoriser toute ascension quand le salaire stagne. La motivation est donc dénuée d’intérêt, en conséquence anéantie. Quand nous savons que certains consœurs-confrères ont des certifications et master mais n’ont pas eu d’augmentation de classe salariale. Comment nous motiver à faire carrière et à se former si rien ne suit.

Un autre fléau est l’abandon de la profession. Environ 43% des soignants abandonnent le navire. Nous savons que d’ici 2030 il manquera 70000 soignants. Il me parait donc essentiel de se pencher sur ce sujet. Nous ne pouvons pas aller chercher des infirmières-infirmiers étrangers sans se questionner sur la raison de ce « tonneau des Danaïdes ». Il me semble donc nécessaire d’y réfléchir et d’y remédier. Cette initiative se penche sur cette problématique en prévenant les abandons de la profession et en améliorant les conditions de travail.

L’autre élément important est la formation des infirmières-infirmiers ainsi que la formation postgrade. La formation permet d’augmenter l’expertise de la profession. Ne pas oublier d’indemniser les formations post-diplôme afin de les rendre attractif.

Un point central de l’initiative est la qualité des soins et la sécurité. Il est essentiel de garantir ces deux éléments centraux. Lorsque que nous parlons de qualité-sécurité, nous parlons de nombre suffisant de personnel qualifié. Il a été démontré qu’un nombre suffisant de soignants a un effet bénéfique sur la réduction des complications et des ré-hospitalisations. Les coûts de la santé se voient donc diminués.  De plus, des études scientifiques ont démontré une corrélation entre la sécurité des patients et le niveau de formation du personnel.

Un autre volet de cette initiative est la valorisation salariale. Il me paraît nécessaire de rémunérer les soignants à leur juste valeur. Nous méritons d’avoir des salaires dignes de nos compétences, expertises et responsabilités. Nous sommes une science, un métier et non une vocation. Tout travail mérite un salaire qui va en adéquation avec le niveau d’étude. De plus, il me semble important de valoriser les formations postgrades des soignants. Cela a un effet positif sur le soignant et sa carrière.