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Interview de Cesla Amarelle : «La culture est essentielle face à la crise actuelle»

Cesla Amarelle, Conseillère d'État, détaille le plan d’aide que le canton destine à ce secteur précarisé.

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En décembre dernier, le Conseil fédéral a adopté une modification de l’ordonnance COVID-19 culture afin que les acteur·trices culturel·les puissent bénéficier d’indemnisations. Par ailleurs, les cantons doivent eux aussi développer leurs propres politiques d’aide à la culture. Car l’enjeu est gigantesque: venir en aide à un secteur qui a été à l’arrêt durant une majeure partie des douze derniers mois.

Quel est le soutien financier actuel du cantonà la culture?
Le Conseil d’État a investi environ 30 millions pour soutenir la culture. Les montants sont exceptionnels, mais ils sont à la hauteur de la crise dans laquelle la culture est plongée depuis le printemps passé. L’aide à la culture se fait aussi par le biais des projets de transformations, qui peuvent être l’occasion de s’adresser à de nouveaux publics ou proposer des nouvelles solutions afin de contribuer à lutter contre la précarité des artistes. Il me semble qu’il s’agit d’une opportunité à saisir pour s’attaquer à certains problèmes structurels que traversent les milieux culturels.

Et les artistes indépendant·es, auront-elles et ils une aide également?
Elles et ils peuvent déposer une demande d’indemnisation, mais pour nous assurer qu’elles et ils puissent traverser la longue période de fermeture actuelle, nous avons mis en place un dispositif inédit, souple et rapide, en concertation avec les milieux concernés: 3 millions pour des bourses de recherche dont peuvent bénéficier tou·tes les artistes professionnel·les. Ces bourses visent trois objectifs. Dotées d’un montant minimal de 10’000 francs qui peut aller jusqu’à 20’000, elles permettent aux artistes de bénéficier d’un apport financier solide. Elles offrent également aux artistes de pouvoir continuer à exercer leur art et participent donc au maintien des compétences. Enfin, puisqu’elles sont orientées vers la recherche sans nécessité de créer une production, elles ne participent pas à l’engorgement qui guette la reprise culturelle qui devra jongler entre les nouveaux projets et les projets annulés. Avec plus de 500 dossiers provenant de tous les champs artistiques, le succès a été immédiat et démontre que le dispositif répond à un vrai besoin et qu’il nécessitera peut-être des moyens supplémentaires.

Quelles démarches faites-vous pour un accès démocratique à la culture, dans une période de crise sanitaire?
C’est évidemment une catastrophe pour la culture qui se nourrit du partage et de l’interaction, qui construit notre vivre-ensemble. Nous avons réussi à maintenir quelques niches d’accessibilité, notamment pour les jeunes qui peuvent continuer à se rendre au théâtre, au musée ou au cinéma. Les projets de streaming connaissent également de jolis succès, ce qui démontre le grand besoin de culture pour la population. Dès lors, le rôle de l’État dans cette période de crise est d’assurer le maintien des compétences dans les milieux artistiques et de préparer la relance. Car j’en suis persuadée: nous aurons toutes et tous plus que jamais besoin de culture dans les mois à venir. Elle a été l’une des victimes directes de la crise sanitaire, je suis convaincue qu’elle saura aussi en être l’un des remèdes quand elle pourra à nouveau donner de la voix.

Propos recueillis par Ihsan Kurt