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Loi e-ID: une arnaque numérique

Les plus grosses entreprises de Suisse en salivent déjà. Le Conseil fédéral et la droite du Parlement ont déposé à leurs pieds le plus beau cadeau de Noël. Si tout se passe bien pour elles, bientôt, la vérification de l’identité en ligne deviendra un service payant et lucratif.

Loi e-ID NON

Lorsque je me connecte en ligne pour demander une bourse d’étude, ou pour recevoir ma décision de taxation, ou demain pour consulter mon dossier médical, j’ai besoin de prouver mon identité. Un peu comme lorsque je présente ma carte d’identité au guichet d’une administration. Or il n’existe pas actuellement en Suisse de moyen universel et fiable de prouver son identité en ligne – et afin de protéger les citoyen·nes, il devient nécessaire que la Confédération émette un «passeport numérique» (une «e-ID»).

Seulement, voilà: plutôt que d’en faire un service public gratuit, avec toutes les garanties de protection des données personnelles et le contrôle démocratique souhaitable, la droite a préféré créer un nouveau marché au bénéfice de ses ami·es des Conseils d’administration.

Un «consortium» est déjà à l’affut: SwissSign. Plus qu’un consortium, c’est quasiment un cartel! UBS, Crédit Suisse, la Mobilière, Swisscom, La Poste, CSS Assurance, la Vaudoise, AXA, Raiffeisen, Helvetia, Zurich, Six (les détenteurs de la bourse suisse!) et bien d’autres grosses entreprises suisses sont groupées au sein de SwissSign.
Ce cartel pourra vous vendre votre e-ID au prix que bon lui semble. D’ailleurs la loi prévoit des prix différenciés suivant le niveau de sécurité offert pour garantir la sécurité de vos données personnelles – y compris d’éléments très intimes comme votre photo servant à une reconnaissance biométrique. La qualité de l’accès aux services publics risque donc de dépendre de votre capacité à payer un passeport privé numérique e-ID.

Et derrière les entreprises suisses se terrent les géants du Numérique. La loi permet à Google, Amazon, Apple ou Facebook de venir eux aussi proposer un e-ID suisse. La plupart de ces entreprises possèdent déjà des informations très étendues sur chacun·e d’entre nous. Avec la loi e-ID nous leur donnons complètement les clés de la maison – et ce pour accéder à nos autorités cantonales ou communales.

Or, une alternative existe. Elle est déjà exploitée par les Cantons de Schaffhouse ou de Vaud. Elle consiste à fournir une e-ID publique et gratuite aux résident·es des cantons concernés pour qu’ils et elles puissent avoir accès aux prestations de service public.

La privatisation des passeports numériques ne sert que les intérêts de quelques entreprises. Il faudra voter Non le 7 mars prochain à la loi e-ID.

Romain Felli