Interview de Maria-José Martinez Vial : entre journalisme et politique
Après avoir étudié en Belgique puis travaillé au Mexique, elle s’est installée à Rolle avec mari et enfants.
Alors qu’il neigeait à gros flocons sur Rolle, c’est une chaude ambiance latine qui m’attendait chez Maria-José Martinez Vial. Espagnole par son père, Chilienne par sa mère, elle parle, raconte, explique avec verve et enthousiasme son riche parcours de vie qui l’a conduite à travers le monde sur la voie du journalisme et de la communication. Maintenant, elle vit depuis deux ans en Suisse avec son mari et ses trois enfants. Même si elle n’est pas près d’avoir le droit de vote – il faut 10 années consécutives de résidence dans le pays – elle s’est engagée au PS rollois et a ouvert un bureau de communication.
Maria-José Martinez Vial a baigné dans le socialisme dès son enfance. Elle est née en 1974 dans les Asturies, au nord de l’Espagne, mais c’est le récit de l’aventure socialiste de Salvador Allende qui l’a nourrie politiquement. Ses parents vivaient au Chili et travaillaient dans l’entourage du président renversé par Augusto Pinochet le 11 septembre 1973. «Mes deux sœurs aînées sont nées au Chili, explique Maria-José. Après le coup d’état, mes parents ont dû quitter le Chili et sont allés en Espagne. Le pays était encore sous le régime franquiste, mais ma mère voulait que nous connaissions nos grands-parents. Alors nous nous sommes installés dans les Asturies.»
Malgré la restauration de la démocratie, la vie espagnole n’a pas été très épanouissante pour la famille Martinez Vial. «Après cinq ans dans les Asturies, nous sommes venus dans la région de Madrid, précise Maria-José. J’admire mes parents, ils n’ont jamais eu peur de refaire leur vie. Cependant, il y avait encore beaucoup de tension dans le pays. Je me rappelle très bien de cette remarque d’une copine d’école quand j’avais 10 ans: «Il parait que tes parents sont des rouges », m’avait-elle lancé. J’étais choquée.»
Libération en Belgique
Maria José Martinez Vial a vécu comme une libération le déménagement en Belgique, où son père avait trouvé un emploi au sein des instances européennes. «A Bruxelles, j’ai vraiment eu le sentiment de pouvoir vivre, s’exclame-t-elle. J’ai tout de suite pris goût au français et d’ailleurs, l’essentiel des musiques que j’écoutais, c’était Brassens, Brel et d’autres chanteurs français. Mes études dans le journalisme et la communication, je les ai faites à l’Université Libre de Belgique.»
«J’ai eu la chance de travailler pour le journal de Gabriel Garcia Marquez» span>
Mais c’est au Mexique qu’elle est devenue journaliste. «J’avais à peine plus de 20 ans quand j’y suis arrivée et j’ai adoré ce pays, lâche-t-elle. J’ai eu la chance de tomber rapidement sur des bonnes personnes. J’ai ainsi été engagée dans la rédaction de Cambia, un magazine créé par Gabriel Garcia-Marquez.» Et de s’exclamer, en me montrant des exemplaires de la revue: «Te rends-tu compte, travailler pour un prix Nobel de littérature… Il savait nous motiver pour raconter des belles histoires.» Mais l’aventure mexicaine a pris fin. «Malheureusement, c’est un pays dominé par l’insécurité et le sexisme. Pour une femme seule, c’est dur. Je suis rentrée en Espagne où j’ai travaillé dans la communication politique.»
C’est en Espagne que Maria José a connu son mari et que ses trois enfants sont nés. Il y a trois ans, celui-ci a été engagé dans une entreprise en Suisse. Elle l’a rejoint avec ses enfants une année plus tard. «En m’intéressant à la vie locale, je suis allée quelquefois en spectatrice aux séances du Conseil communal, dit-elle. Seul le PS m’a paru être un parti accueillant. Je découvre la politique suisse et je trouve que le pays n’est pas très moderne pour ce qui est de la place de la femme dans la société, en particulier pour qu’elle puisse s’épanouir dans sa vie professionnelle tout en ayant des enfants.»
Propos recueillis par Bernard Morel