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Navigation à vue et irresponsabilité

Quatre jours après avoir annoncé dans la précipitation de nouvelles baisses d’impôts sur le revenu et sur la fortune ciblant les très hauts revenus sans que la majorité de la population n’y trouve son compte, le Conseil d’État présentait ce matin son projet de budget 2024, projet menaçant à terme le maintien des prestations à la population. Il sera abordé par les socialistes avec toute l’attention requise pour le soutien à une population vaudoise durement affectée par la vie chère et pour le soutien au personnel en vue d’un service public fort.

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Rendez-vous manqué

Assommées par la vie chère (primes d’assurance maladie, alimentation, électricité, loyers), les classes moyenne et populaire attendent fébrilement les annonces de nouvelles hausses de primes ce mardi 26 septembre. Leurs préoccupations semblent pourtant bien éloignées de la nouvelle majorité bourgeoise du Conseil d’État. Même si l’allègement des primes voulue par le précédent gouvernement à majorité de gauche et plébiscité par la population en 2016 n’est pas attaqué directement, le nouveau Conseil d’État cède aux sirènes de milieux patronaux dogmatiques. Faisant de la baisse d’impôts sur le revenu et sur la fortune sa priorité, le Conseil d’Etat à majorité bourgeoise se détourne des attentes de la majorité de la population.

Mise en danger des finances publiques

Les dernières décisions communiquées dans la précipitation par le Conseil d’Etat occasionneront une perte fiscale de plus de 100 mio, à ajouter aux précédentes mesures déjà adoptées les années passées. Les options prises questionnent quant à la faiblesse de l’argumentation. L’exposé des motifs des baisses d’impôts demandées ne contient aucun chiffrage des diminutions par catégories de contribuables, offrant au Grand Conseil une grande opacité sur les effets concrets de telles baisses. Cette stratégie aventureuse, présentée sans aucune vision à long terme des finances publiques, n’est pas en adéquation avec la responsabilité attendue d’un gouvernement. Le PS exprime son inquiétude quant à la légèreté avec laquelle le département des finances semble envisager la préservation des deniers dont il a la responsabilité

À de nombreuses reprises, la cheffe du Département des Finances et de l’Agriculture a d’ailleurs souligné la fragilité des finances publiques. Cela s’inscrit dans un contexte où l’Etat doit faire face à de grands défis qui nécessiteront des financements importants : impacts de la guerre en Ukraine, accueil des migrant-e-s, renchérissement, prix de l’énergie, crise climatique, enjeux dans le domaine de la santé, accord canton-     communes… Une menace plane donc : revenir à la crise des années 90 en raison de promesses électorales de la droite dans un contexte économique dont on fait aujourd’hui fi, alors que la prudence et le sens des responsabilités devraient plutôt guider l’action du Conseil d’Etat.

Par ailleurs, par nature, une politique de réductions des impôts soutient largement les parties les plus riches de la population et met en danger les prestations pour l’ensemble des Vaudois et Vaudoises. Si l’entrée en matière sur les baisses fiscales est adoptée par le Grand Conseil, le groupe socialiste au Grand Conseil proposera d’allouer ces montants sous la forme d’un crédit d’impôts de 112.- par individu, ce qui resterait dans l’enveloppe initiale dévolue à cette mesure. Le PS rappelle à ce titre que des aides ciblées sont bien plus efficaces pour soutenir la classe moyenne en temps de crise, plutôt que des baisses fiscales bénéficiant en priorité à des ménages aisés.

Défendre les prestations à la population

Le PS examinera ce budget en détail dans chacune des politiques publiques (prestations sociales, système de santé, développement des transports publics, accueil parascolaire, soutien aux élèves à besoins particuliers, protection de la jeunesse, transition énergétique,…) avec la volonté de répondre aux attentes de la population plutôt que défendre les intérêts clientélistes de la droite. Dans ce cadre, il veillera à ce que le pouvoir d’achat du personnel soit maintenu (indexation) et que les renforts nécessaires à certains secteurs soient garantis.

En conclusion, le Parti socialiste appelle les différentes forces politiques à faire preuve de responsabilité et à tout mettre en œuvre pour maintenir et garantir les prestations publiques. En effet, si la stratégie de baisses fiscales est poursuivie, l’État, s’il se trouve en difficultés, ne pourra les garantir. A minima, il s’agirait d’attendre les comptes 2023 et d’établir une stratégie à long terme.

Amélie Cherbuin, Vice-présidente Commission des finances, +41 79 229 58 24

Romain Pilloud, Président du PSV, +41 78 613 92 33

Jean Tschopp, Président du groupe socialiste au Grand Conseil, +41 78 809 19 10