Lausanne | «Peu de villes ont développé un tel plan de soutien»
Grégoire Junod met en avant la politique culturelle lausannoise en vue de la prochaine législature.
Prononcez le mot culture et vous verrez le regard de Grégoire Junod s’illuminer. Lorsqu’il a été élu syndic de Lausanne en 2016, il a récupéré ce dicastère qu’il avait dû abandonner lors la législature précédente. «La culture, c’est 70 millions dans le budget de la ville, relève-t-il. Notre politique culturelle repose sur trois piliers: soutenir une offre qui permet toutes les expressions artistiques, soutenir la création, que la crise a mise en avant, sous toutes ses formes et élargir l’accès à la culture. Nous avons engagé une personne pour travailler sur cet élargissement car c’est un vrai défi qui va bien au-delà de la politique du prix.»
Dans le domaine de la culture, les villes jouent un rôle important. «Essentiel même, dit Grégoire Junod. Certains secteurs dépendent des cantons, comme le MCBA chez nous, et de la confédération, le cinéma en particulier.» Il ajoute: «De notre côté, nous subventionnons à la fois des lieux où se déroulent les spectacles et les compagnies qui y jouent. Pour les compagnies, c’est la commission des arts de la scène qui s’en occupe et le montant qui leur est alloué a été augmenté. Il est important puisque la majorité d’entre elles sont à Lausanne.»
Impossible d’éviter le sujet de la crise sanitaire qui a plongé la culture dans une grande précarité. «Nous avons été la première ville suisse à voter un plan de relance de 2,5 millions de francs, souligne le syndic. Cela nous a permis de mettre sur pied le festival Culture debout durant l’été. L’action «1 livre acheté=1 livre offert» a eu aussi un grand succès. Nous avions prévu 70’000 francs au départ, or nous en avons dépensé plus de 200’000.» Ce soutien va se poursuivre dans les mois à venir. «Nous n’avons pas dépensé la totalité des 2,5 millions, donc nous avons encore de l’argent à mettre sur la table. Peu de villes ont fait un tel plan de soutien.»
La crise a aussi mis en lumière le problème du statut des artistes. «D’une manière générale, l’artiste est mal reconnu·e, admet Grégoire Junod. Ce n’est pas un domaine facile à traiter politiquement, mais la question est fondamentale. Le monde de la culture, c’est 5% des emplois en Suisse, il y a donc un enjeu économique. Mais pour qu’un statut particulier existe, la réponse doit d’abord venir de la confédération.»
Bernard Morel
Grégoire Junod vient de publier cet ouvrage aux Editions Favre